« Deux enfants qui attendaient comme notre fille une greffe cardiaque sont mortes en août et en octobre à l’âge de 20 mois et de 3 ans, faute d’un petit coeur disponible à temps. Toutes nos pensées vont à ces petits anges et à leurs parents.
Aujourd’hui notre fille est atteinte d’une maladie cardiaque très grave. Sa vie est menacée à chaque instant. Je ne sais pas combien de temps elle survivra encore. Elle est inscrite sur la liste depuis le mois de juin 2007. Seule une greffe de coeur pourra la sauver.
Nous sentons bien le souffle aigre de la fatalité et l’échéance qui approche.
Il n’y a pas d’organe disponible, alors à quoi bon se battre ? Il n’y aurait rien à faire.
Nous n’acceptons pas cette renonciation annoncée, car des solutions existent. Et nous voulons poser cette question simple : qu’attendent les pouvoirs publics pour mettre enfin en oeuvre les mesures qui s’imposent ? Et dont on sait qu’elles sont efficaces ? En Espagne, pas très loin de chez nous…
Nous voulons des actes, pas des paroles.
Pourquoi l’Espagne est-elle parvenue à faire chuter le taux de refus de prélèvements d’organes en dessous de 15 %, alors que la France est confrontée à cette réalité consternante de plus de 32 % de refus, inchangé depuis des années, dans l'autosatisfaction ronronnante de nos autorités de santé ?
Pourquoi l’Espagne atteint-elle le chiffre de 35 donneurs prélevés par million d’habitants alors que la France s’est hissée péniblement à 23 ?
Nous voulons des réponses. Nous ne voulons plus que nos enfants meurent dans l’indifférence. Nous voulons sauver Mathilde et pour y parvenir nous avons besoin du soutien de l’opinion publique.
Car la solution, nous la connaissons. Il faut qu’en France, comme cela a été le cas en Espagne, une volonté politique forte s’exprime, au plus haut niveau de l’Etat.
C’est pourquoi, nous demandons instamment à Monsieur Nicolas Sarkozy de déclarer le don d’organes et la greffe Grande Cause Nationale.
Nous voulons qu’un véritable dispositif d’information de la population soit mis en place, pour que plus personne ne puisse dire « je ne savais pas » et que la loi sur le don d’organes puisse enfin être appliquée.
Nous voulons que des moyens supplémentaires soient attribués à la chaîne du prélèvement à la greffe, et que l’ensemble des établissements hospitaliers soient mobilisés. Il n’est plus supportable que certains hôpitaux ne se sentent pas concernés.
Nous voulons que le travail remarquable des équipes de prélèvements et de transplantation soit mieux reconnu et valorisé. Pour qu’une greffe puisse avoir lieu, de longues heures d’un travail extrêmement difficile sont nécessaires, de la part de très nombreux intervenants, qui s’engagent tous avec un dévouement total.
Paradoxalement, un tel engagement permettrait immédiatement des économies substantielles pour notre système de santé. Savez-vous que le maintien en survie d’un malade sous coeur artificiel coûte des sommes énormes en comparaison du prix d’une greffe, pour une rémission de seulement quelques mois ? Que si l’on greffait toutes les personnes dialysées qui peuvent l’être, 600 millions d’Euros seraient économisées chaque année et des souffrances énormes épargnées ?
Que dois-je répondre, Monsieur le Président, à Mathilde quand elle me demande « maman, c’est quand mon nouveau coeur ? »
Il faut que la société Française toute entière se mobilise pour mettre fin à ce scandale insupportable de la mort de nos enfants, parce que les pouvoir publics ne font pas ce qu’il faut pour leur donner accès au traitement qui les sauverait.
C’est pourquoi nous invitons tous nos compatriotes à signer l’Appel à la solidarité nationale de Mathilde. Nous remettrons personnellement cette pétition à Monsieur le Président de la République.
Vous pouvez également adresser à Mathilde vos messages de soutien.
Mathilde, par avance, vous remercie. »
Rachida et Christian Bertrand, parents de Mathilde